station ou de revolte, ce qui, a vrai dire,
arrivait assez souvent.
Pendant ce temps M. et madame Haupois-Daguillon, pleins de confiance en
ce que Favas leur avait dit, et aussi en ce que leur gendre, le baron
Valentin, leur avait repete, attendaient leur fils et, pour sa rentree,
M. Haupois-Daguillon avait, avec sa femme, prepare une petite allocution
dont l'effet, croyaient-ils, devait produire un heureux resultat:
--De ce que tu as ete entraine a des actes de prodigalite que nous avons
du, bien malgre nous, arreter, il ne s'en suit pas que nous recourrons
contre toi a des mesures de rigueur. Il n'y aura qu'une chose de changee
dans notre situation, tu continueras donc de toucher ta pension comme
par le passe et aussi tes appointements; seulement comme nous desirons
que tu prennes une part plus active dans la direction de notre maison,
nous augmentons ta part d'interet, nous la portons a 10 pour 100,
certains a l'avance que par ton assiduite au travail tu voudras
justifier notre confiance.
Ce petit discours debite simplement, amicalement, bras dessus, bras
dessous en se promenant, en ami indulgent plutot qu'en pere justement
irrite, devait etre selon eux tout a fait irresistible.
Cependant ce n'etait pas tout; la mere, elle aussi, aurait quelque chose
a dire a son fils, amicalement; tendrement:
--Pour ton avenir, il ne faut pas que des billets signes de ton nom
soient protestes; chaque fois qu'on en presentera un, la caisse refusera
de le payer, mais tu m'avertiras et je te donnerai les fonds que tu
porteras toi-meme chez l'huissier.
Le "toi-meme" serait legerement souligne et seulement de facon a bien
marquer le temoignage de confiance.
Comment l'enfant prodigue rentrant dans la maison paternelle ne
serait-il par touche par ces temoignages d'affection!
Mais l'enfant prodigue n'etait pas rentre; et, les affiches annoncant la
vente de Cara avaient frappe leurs yeux: _Mobilier moderne, diamants_,
par suite du depart de mademoiselle C....
"Par suite de depart"; comme ces mots leur avaient ete doux! Et M.
Haupois-Daguillon, rentrant de sa promenade et ayant dit a sa femme
qu'il avait vu cette affiche, celle-ci avait voulu descendre dans la rue
pour la lire elle-meme. Ah! comme son coeur de mere avait battu en
lisant cette ligne: "Par suite du depart de mademoiselle C..."; mais
comme en meme temps son imagination de femme honnete avait travaille en
lisant la longue enumeration de l'affiche: _Meubles d'ar
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