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ds, les plus abrites de la Corniche, veritable temperature exotique, plantant en pleine terre les dattiers, les cactus, l'aloes et ses hauts candelabres. En voyant ces troncs elances, cette vegetation fantastique, decouper l'air chauffe a blanc, en sentant la poussiere aveuglante craquer sous les roues comme une neige, de Gery, les yeux a demi-clos, hallucine par ce midi de plomb, croyait faire encore une fois cette fatigante route de Tunis au Bardo, tant parcourue dans un singulier pele-mele de carrosses levantins, a livrees eclatantes, de meahris au long cou, a la babine pendante, de mulets caparaconnes, de bourriquets, d'Arabes en guenilles, de negres a moitie nus, de fonctionnaires en grand costume, avec leur escorte d'honneur. Allait-il donc retrouver la-bas, ou la route cotoie des jardins de palmiers, l'architecture bizarre et colossale du palais du bey, ses grillages de fenetres aux mailles serrees, ses portes de marbre, ses moucharabies en bois decoupe, peints de couleurs vives?... Ce n'etait pas le Bardo, mais le joli pays de Bordighera, divise comme tous ceux du littoral en deux parties, la _Marine_ s'etalant en rivage, et la ville haute, rejointes toutes deux par une foret de palmes immobiles, elancees de tige et la cime retombante, veritables fusees de verdure, rayant le bleu de leurs mille fentes regulieres. La chaleur insoutenable, les chevaux a bout de forces, contraignirent le voyageur a s'arreter pour une couple d'heures dans un de ces grands hotels qui bordent la route et mettent des novembre, dans ce petit bourg merveilleusement abrite, la vie luxueuse, l'animation cosmopolite d'une aristocratique station hivernale. Mais, a cette epoque de l'annee, il n'y avait a la _Marine_ de Bordighera que des pecheurs invisibles a cette heure. Les villas, les hotels semblaient morts, tous leurs stores et leurs jalousies etendus. On fit traverser a l'arrivant de longs couloirs frais et silencieux, jusqu'a un grand salon tourne au nord qui devait faire partie d'un de ces appartements complets qu'on loue pour la saison et dont les portes legeres communiquent avec d'autres chambres. Des rideaux blancs, un tapis, ce demi-confortable exige par les Anglais, meme en voyage, et en face des fenetres que l'hotelier ouvrit toutes grandes pour amorcer ce passant, l'engager a une halte plus serieuse, la vue splendide de la montagne. Un calme etonnant regnait dans cette grande auberge deserte, sans maitre d'hotel, ni cuisiniers,
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