ntage.
Un coup violent, frappe chez lui, cette fois, vint l'avertir que le
calesino etait pret.
"Eh! signor Francese..."
Dans la piece a cote le silence se fit, puis un chuchotement, il y avait
quelqu'un, la, tout pres d'eux... qui les ecoutait... Paul de Gery
descendit precitamment. Il lui tardait d'etre hors de cette chambre
d'hotel, d'echapper a l'obsession de tant d'infamies devoilees.
Comme la chaise de poste s'ebranlait, entre ces rideaux blancs communs
qui flottent a toutes les fenetres dans le Midi, il apercut une figure
palie avec des cheveux de deesse et de grands yeux brulants qui
guettaient. Mais un regard au portrait d'Aline chassait vite cette
vision troublante, et pour jamais gueri de son ancien amour, il voyagea
jusqu'au soir a travers un paysage feerique avec la jolie mariee du
dejeuner, qui emportait dans les plis de sa modeste robe, de son
mantelet de jeune fille, toutes les violettes de Bordighera.
XXV
LA PREMIERE DE "REVOLTE"
"En scene pour le premier acte!"
Ce cri du regisseur debout, les mains en porte-voix, au bas de
l'escalier des artistes, s'engouffre dans sa haute cage, monte, roule,
se perd au fond des couloirs pleins d'un bruit de portes battantes, de
pas precipites, d'appels desesperes au coiffeur, aux habilleuses, tandis
qu'apparaissent successivement aux paliers des differents etages, lents
et majestueux, la tete immobile, de peur de deranger le moindre detail
de leur accoutrement, tous les personnages du premier acte de _Revolte_,
costumes de bal elegants et modernes, avec des craquements de souliers
neufs, le frolement soyeux des traines, le cliquetis des bracelets
riches remontes par le gant qu'on boutonne. Tout ce monde-la parait emu,
nerveux, pale sous le fard, et dans les satins savamment prepares des
epaules arrosees de ceruse, des frissons passent en moires d'ombres. On
parle peu, la bouche seche. Les plus rassures en affectant de sourire
ont dans les yeux, dans la voix, l'hesitation de la pensee absente,
cette apprehension de la bataille aux feux de la rampe, qui reste un
des attraits les plus puissants du metier de comedien, son piquant, son
renouveau.
Sur la scene encombree d'un va-et-vient de machinistes, de garcons
d'accessoires se hatant, se bousculant dans le jour doux, neigeux, tombe
des frises, qui fera place tout a l'heure, quand le rideau se levera, a
la lumiere eclatante de la salle. Cardailhac, en habit noir et cravate
blanche, le chapeau
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