ts authentiques, ces feuilles placaient miss
Olivia au premier rang de l'hallucination contemporaine et tressaient
au front de cette inenarrable demoiselle une couronne d'epithetes
demesurement superlatives. Quant au docteur Kellog, ce n'etait pas
seulement le plus infaillible, le plus audacieux des experimentateurs;
il ne se bornait pas a prouver indubitablement ses terribles facultes
fascinatrices, il avait, de plus, le merite de devoiler, a la fin de
chacune de ses representations et de "mettre a la portee de tout le
monde" les supercheries, les artifices, les grossiers semblants de
somnambulisme et de double vue par lesquels de vulgaires charlatans,
affubles du titre de magnetiseurs, trompent d'ordinaire le public.
C'en etait assez pour attiser la curiosite generale.
Mais les publicistes signalaient bien d'autres causes d'"attraction."
M. Kellog, redigeaient-ils tout bas, confidentiellement,--en deroutant
la sagacite du lecteur par quelques lettres capitales ou par diverses
petites mains indicatrices tracees en tete des paragraphes,--"M. Kellog,
amoureux d'Olivia, la torturerait sans pitie pendant son sommeil factice
et se vengerait ainsi de l'indifference dont elle l'accable des qu'elle
reprend possession d'elle-meme au reveil."
En outre, imprimait-on, "beaucoup d'attention serait accordee" a certain
jeune gentleman europeen, tres tenebreux, tres mystique, originaire
des brouillards d'Ecosse, se nommant, croyait-on, lord Warner, lequel
poursuivait Olivia dans tous ses voyages a travers l'Amerique et ne
manquait jamais de prendre place dans une premiere loge d'avant-scene
des que miss Olivia montait sur le theatre, parce qu'il l'adorait et
se croyait adore d'elle "seulement lorsqu'elle entrait dans l'etat de
catalepsie."
Par suite, il existait entre le diabolique docteur et le noble etranger
une guerre sourde de haine et de jalousie. "Une querelle semblait
possible, un conflit devenait probable, un duel etait certain," et les
spectateurs couraient chance a tout moment de voir se realiser l'une de
ces "redoutables eventualites."
Enfin, et par surcroit, la chronique faisait ressortir, avec
d'affriolantes reticences, le role joue dans cette affaire par une belle
et jeune patricienne (lady Warner, sans doute), laquelle assistait
invariablement a toutes les soirees de Kellog, dans la loge
d'avant-scene faisant face a celle de lord Warner, et de la, toujours
parfaite d'elegance selon la derniere mode, mais tou
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