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ortes ames; Et, dans l'eau, jusqu'au soir, il plut des corps de femmes! ELEGIE. J'ai fait une remarque hier en te quittant. Sans doute j'ai mal vu; mais quand on aime tant, On a peur; on se fait, avec la moindre chose, Un sujet de tourments. On veut savoir la cause De chaque effet. Un mot, un geste, une ombre, un rien, La plus folle chimere, un souvenir ancien Qui dormait dans un coin du coeur et qui s'eveille, Tout vous effraie. On dit qu'infortune pareille, Ne s'est pas encor vue et que l'on en mourra; L'on n'en meurt pas; demain peut-etre on en rira. Vous veniez pour vous plaindre; un baiser, un sourire, Et vous ne savez plus ce que vous veniez dire. Quand tu liras ces vers, sans doute tu diras Que mon idee est folle et tu m'embrasseras, Et puis, j'oublierai tout, excepte que je t'aime Et que je t'aimerai toujours. Fais-en de meme. Or, voici ma remarque. Il m'a semble cela. Je voudrais oublier toutes ces choses-la. Mais je ne puis. Hier tu paraissais distraite, Et ce n'est pas ainsi, certes, que Juliette Laisse aller Romeo qui part. En ce moment Ou mon ame pamee a chaque embrassement, S'elancait sur ta bouche au-devant de ton ame, Ou ma prunelle en pleurs baignait ma joue en flamme, Ou mon coeur eperdu, sur ton coeur qu'il cherchait, Vibrait comme une lyre au toucher de l'archet, Ou mes deux bras noues, comme ceux d'un avare Qui tient son or et craint qu'un larron s'en empare, Te tenaient enfermee et t'enchainaient a moi. Toi, tu ne disais rien; tu n'ecoutais pas, toi; Mes baisers s'eteignaient sur ta levre glacee; Je ne te sentais pas sentir; ta main pressee N'entendait pas la mienne et ne repondait rien. J'etais la, devant toi, comme un musicien, Tourmentant le clavier d'un clavecin sans cordes. O mon ame! pourquoi faut-il, quand tu debordes, Comme un lis rempli d'eau que le vent fait pencher, Que l'ame ou tout en pleurs tu voudrais t'epancher, Se ferme et te repousse et te laisse repandre Tes plus divins parfums sans en vouloir rien prendre? J'ai cherche vainement pourquoi cette froideur, Apres tant de baisers vivants et pleins d'ardeur, Apres tant de serments et de douces paroles, Tant de soupirs d'ivresse et de caresses folles; Je n'ai rien pu trouver autre chose, sinon Qu'on etait fou d'avoir au fond du coeur un nom Que l'on ne dira pas, et que c'etait chimere D'aimer une autre femme au monde que sa mere. Rousseau dit quelque part:--Regardez votre amant Au sortir de vos bras. Il a rai
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