au moins. Il n'est pas douteux
non plus, que les vastes montagnes qui font au pied de toutes celles qui
forment l'enceinte du Gothard, au moyen desquelles on trouve un acces
plus facile, et des rampes moins rapides pour s'elevent comme par degres
a cette hauteur, qui composent enfin ces montagnes de seconde et de
troisieme formation, ne doivent leur existence qu'aux debris de ces
colosses qui dominent tout. L'examen de ce qui se passe sous nos yeux
journellement, ne peut nous laisser aucun doute sur l'abaissement de
montagnes. Il n'y a point de torrent, point d'ecoulement d'eaux, quelque
petit qu'il soit, qui n'entraine en descendant des montagnes, des
terres, des graviers, ou des sables, pour les porter plus bas. Les
grands torrens, les fleuves, les rivieres, gonfles par les fontes
subites des glaces et des neiges, entrainent des rochers entieres,
creusent de vastes et profonds ravins; ces masses de rochers diminuent
par le choc et le frottement qu'elles essuient entre elles, et sur
les rochers sur lesquels elles passent, dont elles occasionnent
reciproquement la destruction; ce sont des debris de cette espece
de trituration qui troublent les eaux, et dont le depot eleve
insensiblement les bords des rivieres, forme le limon fecondant de nos
plaines, et va former jusque dans le sein des mers ces atterrissemens,
ces barres, et ces bancs qui en reculent les bornes. Les rochers les
plus durs, ces granits que les meilleurs outils ont tant de peine a
faconner, ne resistent point au tems et aux intemperies des saisons;
leur superficie se denature et se decompose souvent au point de ne pas
les reconnoitre: des lichens, des petites mousses s'insinuent dans leur
tissu, l'eau y penetre, et la gelee separe leurs parties; s'ils se
trouvent place sur une pente de facon a pouvoir etre entraine par les
eaux, la plus grosse masse est bientot reduite a peu de chose, apres
avoir parcouru un plan incline; quels changemens ne doit pas avoir opere
cette marche constante de la nature. A quel point n'est elle pas rendu
meconnoissable la superficie du globe que nous habitons. Pour peu qu'on
reflechisse que les montagnes fournissent continuellement aux plaines,
et que celle-ci ne rendent rien aux montagnes, on pourra se faire
quelque idee des changemens que la revolution des siecles a du operer.
Aussi n'est ce que sur les hautes montagnes qu'on appercoit encore
parmi leurs vastes debris, les materiaux qui ont servi et servent aux
creations nouve
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