FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211   212   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223  
224   225   226   >>  
fierte nouvelle. A la montagne les heritages sont sans murs ni portes. Aucune cloture n'enlaidit le sol et la propriete n'est pas apparente, --la propriete qui, je le savais par l'enseignement de grand-pere, corrompt le coeur des hommes et le remplit d'avidite, de jalousie, de cupidite. La-haut, les bois et les pres sont a tout le monde et a personne, comme le soleil et l'air, comme la sante. Les hauts paturages ou le berger, qui d'une phrase m'avait revele le desir, conduisait ses moutons, n'en foulais-je pas l'herbe courte? L'ascension me communiquait une ardeur de conquete. Et a chaque victoire je pensais rencontrer celle que j'attendais et qui se derobait sans cesse. De preference a Nazzarena que j'avais aimee et que mes reves dedaignaient maintenant, l'estimant trop jeune et trop simple, j'appelais la dame inconnue du pavillon, ou, plutot encore, celle qui m'etait apparue sur le chemin en robe blanche avec un chapeau de cerises et un teint de fleur, celle a qui son ombrelle servait d'aureole et que j'appelais Helene depuis que je savais que sa beaute etait semblable a celle des deesses immortelles. J'etais seul, delicieusement seul et amoureux sans amour. J'etais parfaitement heureux et ne m'apercevais pas que je torturais ma soeur Louise dont je meconnaissais l'affection. J'etais libre. A cause des difficultes de ravitaillement, notre table etait la plus frugale du monde. Nous vivions d'oeufs, de pommes de terre, de fromage. Le dimanche nous valait le luxe d'un poulet. Grand-pere ne cessait de nous vanter l'excellence de ce regime et les bienfaits de l'existence pastorale. Je me persuadais aisement de l'excellence de nos moeurs. De moins en moins je pretais attention aux nouvelles de la ville qui nous parvenaient par la diligence. Une fois ou deux, pour nous renseigner plus abondamment, on nous envoya le fermier en personne. Ainsi nous sumes, dans notre ermitage, le chiffre des morts et la violence du fleau. Le Pendu, decede, avait fait une fin des plus edifiantes, et tante Dine l'avait assiste jusqu'au bout. Glus et Merinos etaient sains et saufs. --Ils ont toujours eu de la chance, observa grand-pere. Le fermier hochait la tete, ce qui signifiait que le dernier mot n'etait pas prononce et que l'epidemie continuait ses ravages. De Martinod on ne savait rien, il se tenait cache. Notre ami l'abbe Heurtevent avait resiste, mais il demeurait ebranle: il gardait assez de vie pour annoncer des catastrophes.
PREV.   NEXT  
|<   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211   212   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223  
224   225   226   >>  



Top keywords:

personne

 

excellence

 

fermier

 

propriete

 
savais
 

appelais

 

nouvelles

 
envoya
 

abondamment

 
ravitaillement

parvenaient

 
renseigner
 

attention

 

diligence

 
regime
 

dimanche

 

valait

 

poulet

 

fromage

 

frugale


vivions

 

pommes

 

cessait

 
persuadais
 

aisement

 

moeurs

 
pastorale
 

vanter

 

bienfaits

 

existence


pretais

 

ravages

 

continuait

 

Martinod

 
savait
 

tenait

 
epidemie
 

prononce

 

hochait

 
signifiait

dernier

 

gardait

 
annoncer
 

catastrophes

 
ebranle
 

demeurait

 
Heurtevent
 
resiste
 

observa

 
chance