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ttitudes, dans l'abandon de la demarche, dans l'expression fiere et melancolique de la physionomie. Je n'ai jamais vu dans une statue, dans une peinture, dans un homme, une puissance de beaute plus ideale et plus suave. C'est pour lui qu'aurait du etre cree le mot de _charme_, qui s'appliquait a toutes ses paroles, a tous ses regards, a tous ses mouvements. Que vous dirai-je! Ce fut en effet un _charme_ jete sur moi. Cet homme, qui marchait, qui parlait, qui agissait sans methode et sans pretention, qui sanglotait avec le coeur autant qu'avec la voix, qui s'oubliait lui-meme pour s'identifier avec la passion; cet homme que l'ame semblait user et briser, et dont un regard renfermait tout l'amour que j'avais cherche vainement dans le monde, exerca sur moi une puissance vraiment electrique; cet homme, qui n'etait pas ne dans son temps de gloire et de sympathies, et qui n'avait que moi pour le comprendre et marcher avec lui, fut, pendant cinq ans, mon roi, mon dieu, ma vie, mon amour. Je ne pouvais plus vivre sans le voir: il me gouvernait, il me dominait. Ce n'etait pas un homme pour moi; mais je l'entendais autrement que madame de Ferrieres; c'etait bien plus: c'etait une puissance morale, un maitre intellectuel, dont l'ame petrissait la mienne a son gre. Bientot il me fut impossible de renfermer les impressions que je recevais de lui. J'abandonnai ma loge a la Comedie-Francaise pour ne pas me trahir. Je feignis d'etre devenue devote, et d'aller, le soir, prier dans les eglises. Au lieu de cela, je m'habillais en grisette, et j'allais me meler au peuple pour l'ecouter et le contempler a mon aise. Enfin, je gagnai un des employes du theatre, et j'eus, dans un coin de la salle, une place etroite et secrete ou nul regard ne pouvait m'atteindre et ou je me rendais par un passage derobe. Pour plus de surete, je m'habillais en ecolier. Ces folies que je faisais pour un homme avec lequel je n'avais jamais echange un mot ni un regard, avaient pour moi tout l'attrait du mystere et toute l'illusion du bonheur. Quand l'heure de la comedie sonnait a l'enorme pendule de mon salon, de violentes palpitations me saisissaient. J'essayais de me recueillir, tandis qu'on appretait ma voiture; je marchais avec agitation, et si Larrieux etait pres de moi, je le brutalisais pour le renvoyer; j'eloignais avec un art infini les autres importuns. Tout l'esprit que me donna cette passion de theatre n'est pas croyable. Il faut que j'aie eu bien de
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