FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90  
91   92   93   >>  
es cheveux qui tombent en nappe derriere la tete, puis remontent se tasser au sommet du crane sous un singulier bonnet, tissu souvent d'or ou d'argent. La servante de notre auberge avait dix-huit ans au plus, des yeux tout bleus, d'un bleu pale que percaient les deux petits points noirs de la pupille; et ses dents courtes, serrees, qu'elle montrait sans cesse en riant, semblaient faites pour broyer du granit. Elle ne savait pas un mot de francais, ne parlant que le breton, comme la plupart de ses compatriotes. Or, mon ami n'allait guere mieux, et, bien qu'aucune maladie ne se declarat, le medecin lui defendait de partir encore, ordonnant un repos complet. Je passais donc les journees pres de lui, et sans cesse la petite bonne entrait, apportant soit mon diner, soit de la tisane. Je la lutinais un peu, ce qui semblait l'amuser, mais nous ne causions pas, naturellement, puisque nous ne nous comprenions point. Or, une nuit, comme j'etais reste fort tard aupres du malade, je croisai, en regagnant ma chambre, la fillette qui rentrait dans la sienne. C'etait juste en face de ma porte ouverte; alors, brusquement, sans reflechir a ce que je faisais, plutot par plaisanterie qu'autrement, je la saisis a pleine taille, et, avant qu'elle fut revenue de sa stupeur, je l'avais jetee et enfermee chez moi. Elle me regardait, effaree, affolee, epouvantee, n'osant pas crier de peur d'un scandale, d'etre chassee sans doute par ses maitres d'abord, et peut-etre par son pere ensuite. J'avais fait cela en riant; mais, des qu'elle fut chez moi, le desir de la posseder m'envahit. Ce fut une lutte longue et silencieuse, une lutte corps a corps, a la facon des athletes, avec les bras tendus, crispes, tordus, la respiration essoufflee, la peau mouillee de sueur. Oh! elle se debattit vaillamment; et parfois nous heurtions un meuble, une cloison, une chaise; alors, toujours enlaces, nous restions immobiles plusieurs secondes dans la crainte que le bruit n'eut eveille quelqu'un; puis nous recommencions notre acharnee bataille, moi l'attaquant, elle resistant. Epuisee enfin, elle tomba; et je la pris brutalement, par terre, sur le pave. Sitot relevee, elle courut a la porte, tira les verrous et s'enfuit. Je la rencontrai a peine les jours suivants. Elle ne me laissait point l'approcher. Puis, comme mon camarade etait gueri et que nous devions reprendre notre voyage, je la vis entrer, la veille de mon depart, a minuit, nu-pieds, en
PREV.   NEXT  
|<   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90  
91   92   93   >>  



Top keywords:

posseder

 
longue
 

athletes

 

tendus

 

crispes

 

silencieuse

 
taille
 
envahit
 

epouvantee

 
scandale

affolee

 

stupeur

 

enfermee

 

regardait

 

effaree

 

chassee

 

revenue

 

ensuite

 
maitres
 

tordus


cloison

 

verrous

 

enfuit

 

rencontrai

 
courut
 

brutalement

 
relevee
 

suivants

 

laissait

 
veille

entrer

 

depart

 

minuit

 

voyage

 

approcher

 

camarade

 
reprendre
 

devions

 

meuble

 

heurtions


pleine

 

chaise

 

enlaces

 

toujours

 
parfois
 
vaillamment
 

essoufflee

 

mouillee

 
debattit
 

restions