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ore les girouettes du passe! Au fond des noirs magasins, on voyait s'entasser les bahuts sculptes, les faiences de Rouen, de Nevers, de Moustiers, des statues peintes, d'autres en chene, des Christ, des vierges, des saints, des ornements d'eglise, des chasubles, des chapes, meme des vases sacres et un vieux tabernacle en bois dore d'ou Dieu avait demenage. Oh! les singulieres cavernes en ces hautes maisons, en ces grandes maisons, pleines, des caves aux greniers, d'objets de toute nature, dont l'existence semblait finie, qui survivaient a leurs naturels possesseurs, a leur siecle, a leur temps, a leurs modes, pour etre achetes, comme curiosites, par les nouvelles generations. Ma tendresse pour les bibelots se reveillait dans cette cite d'antiquaires. J'allais de boutique en boutique, traversant, en deux enjambees, les ponts de quatre planches pourries jetees sur le courant nauseabond de l'Eau de Robec. Misericorde! Quelle secousse! Une de mes plus belles armoires m'apparut au bord d'une voute encombree d'objets et qui semblait l'entree des catacombes d'un cimetiere de meubles anciens. Je m'approchai tremblant de tous mes membres, tremblant tellement que je n'osais pas la toucher. J'avancais la main, j'hesitais. C'etait bien elle, pourtant: une armoire Louis XIII unique, reconnaissable par quiconque avait pu la voir une seule fois. Jetant soudain les yeux un peu plus loin, vers les profondeurs plus sombres de cette galerie, j'apercus trois de mes fauteuils couverts de tapisserie au petit point, puis, plus loin encore, mes deux tables Henri II, si rares qu'on venait les voir de Paris. Songez! songez a l'etat de mon ame! Et j'avancai, perclus, agonisant d'emotion, mais j'avancai, car je suis brave, j'avancai comme un chevalier des epoques tenebreuses penetrait en un sejour de sortileges. Je retrouvais, de pas en pas, tout ce qui m'avait appartenu, mes lustres, mes livres, mes tableaux, mes etoffes, mes armes, tout, sauf le bureau plein de mes lettres, et que je n'apercus point. J'allais, descendant a des galeries obscures pour remonter ensuite aux etages superieurs. J'etais seul. J'appelais, on ne repondait point. J'etais seul; il n'y avait personne en cette maison vaste et tortueuse comme un labyrinthe. La nuit vint, et je dus m'asseoir, dans les tenebres, sur une de mes chaises, car je ne voulais point m'en aller. De temps en temps je criais:--Hola! hola! quelqu'un! J'etais la, certes, depuis plus d'un
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