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lus bas que l'estomac. Ils en etaient tout ragaillardis et la plupart, dans la trepidation des pilons, allumaient vivement une pipette ou se bourraient la bouche d'une chique de tabac. Parfois meme, au milieu du vacarme, on entendait une chanson. Dommage qu'on ne vous donnait jamais qu'un seul petit verre. Comme un deuxieme vous aurait fait du bien! A midi la machine s'arretait et ils allaient dejeuner. Certains d'entre eux demeuraient assez loin de la fabrique, et il leur fallait se depecher pour etre de retour a une heure. Ceux qui restaient plus pres avaient parfois le temps de faire une petite sieste. A deux ou trois qui habitaient trop loin, leur femme ou leurs enfants apportaient le manger dans une gamelle qu'ils tenaient au chaud sur le foyer des presses. Une heure, et les pilons de recommencer leur danse sauvage. A quatre heures, les hommes avalaient encore une tartine en buvant du cafe clair; puis les pilons reprenaient leur vacarme assourdissant et monotone jusqu'a huit heures, avec une nouvelle lueur de joie lorsque, sur le coup de six heures, Sefietje leur apportait la goutte du soir. Ces fins de journee etaient souvent d'une accablante melancolie. Le soir tombait; de grandes ombres fauves se glissaient sous les poutres massives du plafond bas; et par les larges baies de la salle des machines, les ouvriers voyaient le soleil couchant dorer les pelouses et les grands arbres du beau jardin de M. de Beule. Une sorte de tristesse nostalgique se lisait dans leurs yeux fatigues. Ils ne fredonnaient plus de chansons; ils ne parlaient plus. Ils se mouvaient plus lentement, comme des ombres, sous l'ouragan continu des coups. Bientot une ouvriere venait allumer les lampes, de simples lampes a petrole qui fumaient et dont la flamme vacillante dansait au choc des pilons. Alors tout semblait prendre un aspect etrange, s'impreciser comme si le travail s'achevait dans une atmosphere irreelle de cauchemar. Les enormes meules verticales, toutes luisantes d'huile, se pourchassaient l'une l'autre en une ronde obstinee et sans fin; les pilons dansaient une sarabande de spectres; et les fournaises ouvertes montraient des gueules rouges, qui lentement se ternissaient de cendre, comme des feux de bivouac abandonnes. Les ouvriers secouaient la poussiere de leurs vetements et rabattaient leurs manches de chemise sur les poignets. Ils donnaient un coup de balai aux dalles autour des presses; et enfin tintait dans la salle des ma
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