ieu de la
cascade fougueuse. De la il envoya au ciel sa chanson triomphale.
Ses parents effrayes avaient essaye de le suivre, mais tristement ils
etaient revenus au chene, l'epier de loin, le coeur serre par un funeste
pressentiment.
D'un vol aussi rapide le temeraire enfant etait revenu; toute la tribu
en emoi l'attendait anxieuse.
Au lieu de regagner le nid paternel ou ses petites soeurs attendries
l'appelaient de toutes leurs clameurs, le jeune heros, comme pour lui
faire hommage de ses premiers lauriers, alla droit chez sa voisine,
la plus jolie serine du monde, secouer ses ailes etincelantes des
gouttelettes diamantees de la source, et roucouler la plus suave,
la plus delicieuse, la plus enchanteresse des melodies que Dieu ait
enseignees a ses creatures.
Les humains qui l'entendirent crurent que les accords d'une musique
mysterieuse, s'echappant des spheres celestes, etaient parvenus a leur
oreille privilegiee.
Les echos emerveilles la repeterent avec enthousiasme. Tout le vieux
chene tressaillit, et un concert de louanges s'en eleva comme une fusee
vibrante et prolongee.
Ces joyeux accents avaient ragaillardi toute la peuplade. Chacun, sous
la feuille qui l'abrite, s'endormit paisible, revant de douces choses.
Seule, la belle serine avait compris le mot d'adieu cache sous la
chanson Brillante.
Tristement sa petite tete veloutee s'enfonca sous le duvet de l'aile
maternelle. Qui dira combien d'etoiles s'etaient allumees au firmament,
combien de soupirs avait pousses la brise a travers les feuilles
fremissantes avant que le repos vint clore sa paupiere!
Le lendemain--toutes les fetes ont un lendemain--les premiers reflets de
l'aurore avaient effleure la cime de l'arbre seculaire, le roi du jour,
disant adieu a d'autres peuples, apparaissait, s'elevait majestueux de
son bain de flammes. Toute la nature chantait l'hymne matinale a
sa maniere, et le vieux chene etait muet--muet, mais plein de
consternation, d'agitation et d'effroi.--L'idole, le serin adore, le
beau charmeur des bois s'etait envole, laissant l'angoisse au nid, le
deuil a la voisine eploree.
Elle, puisant une energie desesperee dans l'agonie de son coeur, etendit
toutes grandes ses ailes freles et timides, et disparut. La belle
idolatre, n'ecoutant que son amour, volait sur la trace du cher
infidele.
Trois longs jours de recherches et de souffrances s'etaient eternises
pour l'infortunee voyageuse. L'ouragan avait souffle, la tempet
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