Les oiseaux revenaient par essaims pour feter la naissance des vertes
feuillees, et celle des marguerites, leurs petites amies des champs.
Les nids moelleux s'equilibraient aux jointures des branches; deja
leurs hotes se gazouillaient tout bas leurs esperances pour la nouvelle
couvee.
A la cime d'un grand chene, tout une famille de serins saluaient,
certain matin, l'aurore de son premier jour.
Le ruisseau qui dort, sous les grosses branches de l'arbre geant, le
rayon de soleil qui miroite sur la feuille humide au bord du nid, le
coin d'azur a travers le rideau de feuillage, cette verdure flottante
qui les berce avec de caressants murmures, toutes ces nouveautes
ravissantes qui se revelent a leurs regards etonnes, tiennent hors du
nid les tetes curieuses de ces etres naissants.
L'horizon empourpre, la source eblouissante qui bondit sur le flanc de
la montagne, les flocons blancs dans le bleu du ciel, tout cela a
des tons chatoyants et seducteurs, des appels gros d'attraits et de
promesses pour les nouveaux eclos.
Et c'est un murmure continu, un concert de petits cris joyeux. Qu'ils
sont heureux de vivre!... Oiselets d'un jour, ils ont le present
harmonieux et ensoleille; et l'avenir!... l'avenir! Quand les plumes
dorees auront pousse, quand les ailes diaprees se deploieront avec la
vigueur de la jeunesse! l'avenir ne se prepare-t-il pas pour eux plus
doux que le nid, plus vermeil qu'un reflet de crepuscule dans le
ruisseau limpide?
Les petits serins ont cru. Ils ont atteint la taille ordinaire des
oiseaux de leur espece; mais l'un d'eux surtout est un prodige,
l'orgueil de la famille, la gloire de la nichee.
Quand sa voix vibrante et modulee eveille les echos matinals, plus d'une
jeune serine sent palpiter son coeur d'oiseau, et joint une note emue a
ses trilles eclatants.
Les etres ailes, moins meticuleux que les hommes, reconnaissent sans
formalite et acceptent sans elections, le souverain que Dieu semble leur
designer dans celui d'entre eux qu'il dote de plus de charmes. Ceux
du vieux chene avaient voue un culte d'admiration et d'hommage a leur
superbe compagnon.
Mais lui, indifferent a ses honneurs et a son prestige, ne formait dans
sa tete altiere que des projets aventureux de fuite et de voyages.
Un jour--aussi puissant que beau--il s'elanca d'un seul trait, de la
cime du grand arbre au sommet de la montagne lointaine. Puis, intrepide,
il alla se percher sur une branche morte accrochee au mil
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