ment des faits. Vous n'avez pas
besoin d'un commentaire des actes de Colbert et de Louis XIV, et
je n'ai pas besoin aupres de vous d'apologie. Ce que j'aurais
l'honneur de vous dire, vous le savez deja; vous l'avez vu dans
les textes des _Manuscrits francais_ et de l'_Essai historique_.
Je veux etre menager d'un temps que vous employez si utilement
pour l'education de la jeunesse et pour l'avancement des lettres.
Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous donner d'abord un
apercu des doubles qui existent dans quelques bibliotheques de
l'etranger et de la France. C'est un essai de statistique qui fera
comprendre, mieux que tous les raisonnements, les profits que l'on
doit attendre des echanges. La bibliotheque de Munich a 200,000
doubles; celle d'Iena, 12,000; celle de Saint-Petersbourg, 54,000;
a Vienne, plus de 30,000 doubles, parmi lesquels un grand nombre
d'incunables, sont enfouis dans des magasins. A Vienne encore,
25,000 doubles encombrent la section d'entomologie du musee
bresilien. Breslau possede l'un des plus precieux manuscrits de
Froissart. On trouve a Munich le cinquieme volume du roman des
_Quatre Fils Aymon_ dont les quatre premiers sont a la
bibliotheque de l'Arsenal; et a Bruxelles, dans la bibliotheque
de Bourgogne, des doubles de manuscrits precieux pour notre
histoire. En France, la bibliotheque de Metz contient plus de 500
doubles; celle de Douai, 250; celle de Colmar, 100; des materiaux
importants pour l'histoire de diverses villes sont reunis dans la
bibliotheque d'Aix, assez indigente sur sa propre histoire: et
ainsi Lyon, Arles, Nantes sont prives de documents precieux pour
leurs anciennes annales. Les archives de la prefecture de Dijon
renferment des titres et des chartes du duche de Savoie, en
echange desquels le roi de Sardaigne nous donnerait tout ce que
nous voudrions.
J'avais reconnu cet etat de choses pour l'Allemagne, pendant les
divers voyages que j'ai faits dans ce pays. J'en avais entretenu
des savants, des hommes d'Etat, les rois eux-memes. Voici ce que
m'ecrivait a cette occasion M. P. Lichtenthaler, directeur de la
bibliotheque de Munich, le 22 janvier 1833.
"Vous vous souviendrez que dans nos entretiens je vous ai aussi
parle de nos doubles dont nous gardons une immense quantite. Ne
vous serait-il pas possible, par vos relations a Paris, d'engager
l'administra
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