ssurer, car
la magistrature sait que son plus beau privilege est de...
--Assez, assez, pour Dieu! Monsieur, m'ecriai-je, je pourrais vous dire
par coeur le reste de votre phrase, tant je l'ai entendu declamer de
fois a tout propos...
--Non, jeune homme, s'ecria le magistrat a son tour en elevant la voix,
vous n'echapperez point a la sollicitude d'une magistrature qui doit ses
conseils et sa surveillance a la jeunesse, a une magistrature qui veut
le bonheur et le repos des citoyens. Profitez du reproche que vous avez
encouru. Voyez vos torts, ils sont graves! vous avez porte le trouble
et la crainte dans la famille de l'epicier; vous avez meconnu la sainte
hospitalite qui vous y etait offerte, en essayant de railler ou de
seduire l'epouse irreprochable d'un pharmacien eclaire... Oui, vous avez
tente l'un ou l'autre, Monsieur, car je ne sais point le sens que la
loi peut adjuger aux etranges fragments de versification dont vous
avez endommage les murs de cette maison hospitaliere, et qui m'ont ete
montres par la fille de l'epicier comme une preuve irrecusable de votre
demence... Enfin, Monsieur, non content d'affliger de braves gens et
d'inquieter le voisinage, vous avez resiste a l'autorite representee par
moi, vous avez pris au collet et frappe le medecin distingue qui vous
donnait des soins, vous avez fait une scene de violence qui a trouble le
repos de toute une population paisible, et qui a pense devenir funeste a
madame Gibonneau par la frayeur qu'elle lui a causee.
--Cora est malade! m'ecriai-je. Grand Dieu!... Et je voulais courir,
echapper a l'eloquence tribunitienne de mon bourreau. Il me retint.
--Vous ne me quitterez pas, jeune homme, me dit-il, sans avoir ecoute
la voix de la raison, sans m'avoir donne votre parole d'honneur de
suspendre vos visites, chez madame Gibonneau, et de quitter meme le
logement que vous occupez vis-a-vis la maison de l'epiciere.
---Eh! Monsieur, m'ecriai-je, je jure que je vais dire adieu et demander
pardon a ces honnetes gens, savoir des nouvelles de madame Cora, et
qu'une heure apres j'aurai quitte cette ville fatale.
Je m'armai de courage et de sang-froid pour rentrer chez l'epicier.
Comme j'avais passe pour fou dans toute la ville, ma sortie de prison
fit une profonde sensation; l'epicier parut inquiet et soucieux, sa
femme se cacha presque derriere lui, Cora devint pale de terreur, et M.
Gibonneau, sans rien dire, me fit une mine de mauvais garcon. Je leur
parlai ave
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