tait pas ralentie un seul
instant. Souvent elle fut visitee par le venerable pasteur et quelques
autres personnes notables de l'endroit. Un medecin plus instruit dans
l'art de guerir que dans la science des grands mots, lui prodigua; des
soins assidus et au bout de ce temps il eut la satisfaction de voir ses
peines couronnees de succes.
Une douce et triste resignation succeda, sur la figure de Madame
St.-Aubin a son air d'egarement. Ses cheveux avaient considerablement
blanchis, et tous ses traits portaient l'empreinte du deuil et de la
souffrance.
Pour lui assurer plus de distractions, le pasteur, avec quelque ames
charitables lui louerent une couple de chambres aupres de l'eglise. La
veuve qui avait ete choisie pour la soigner l'accompagna. La, elle
passa environ six annees, sinon heureuse, du moins ses douleurs etaient
adoucies par la priere, ce baume divin qui cicatrise les plaies du
coeur le plus ulcere. Elle pouvait aussi se livrer aux ouvrages qui lui
apportaient quelques distractions. Et si parfois elle sortait de sa
demeure, apres les instances du cure et du medecin, elle etait
certaine de rencontrer toujours des regards et des paroles affectueux,
bienveillants et sympathiques de la part de tous ceux qu'elle voyait.
Ainsi s'ecoulait sa vie, lorsqu'un matin on vint prevenir le venerable
cure que quatre personnes l'attendaient dans le salon. Ces quatre
personnes c'etaient: M. St.-Aubin et son enfant, Jean Renousse et sa
femme.
En effet, depuis que M. St.-Aubin avait retrouve Hermine, il ne lui
restait plus qu'un seul desir, une seule pensee; a present qu'il avait
des details precis sur l'endroit du naufrage, details qu'il avait eus
par la femme de Jean Renousse, son plus ardent desir etait de visiter
la tombe de son epouse, car, peut-etre par quelques papiers trouves sur
elle, aurait-on pu distinguer tombe de celle des autres naufrages.
Les renseignements fournis par la femme de Jean Renousse etaient si
precis qu'il n'y avait pas de doute qu'elle avait du etre enterree au
pied du cap ou dans le cimetiere du village, et nul n'etait plus a
portee de leur donner les informations necessaires que le cure de
la place, aussi, etaient-ils venus s'adresser a lui directement. M.
St.-Aubin commenca par donner son nom au venerable pretre, lui exposa le
but de sa visite et lui raconta son histoire.
A mesure qu'il parlait, l'attention du cure se trouvais de plus en plus
eveillee. Entraine par la chaleur du recit,
|