e l'eut fait quand meme elle eut ete
pleine de monde. Vous etes _Dieu_ pour moi!...
Elle n'en put dire davantage; suffoquee par les larmes de la joie, elle
devenait folle.
Palmer l'emmena sous les arbres des Champs-Elysees et la fit asseoir. Il
lui fallut au moins une heure pour se calmer et se reconnaitre, et pour
reussir a caresser son fils sans risquer de l'etouffer.
--A present, lui dit Palmer, j'ai paye ma dette. Vous m'avez donne des
jours d'espoir et de bonheur, je ne voulais pas rester insolvable. Je vous
rends une vie entiere de tendresse et de consolation, car cet enfant est
un ange, et il m'en coute de me separer de lui. Je l'ai prive d'un
heritage et je lui en dois un en echange. Vous n'avez pas le droit de vous
y opposer; mes mesures sont prises et tous ses interets sont regles. Il a
dans sa poche un portefeuille qui lui assure le present et l'avenir. Adieu,
Therese! Comptez que je suis votre ami a la vie et a la mort.
Palmer s'en alla heureux; il avait fait une bonne action. Therese ne
voulut pas remettre les pieds dans la maison ou Laurent dormait. Elle prit
un fiacre, apres avoir envoye un commissionnaire a Catherine avec ses
instructions, qu'elle ecrivit d'un petit cafe ou elle dejeuna avec son
fils. Ils passerent la journee a courir Paris ensemble, afin de s'equiper
pour un long voyage. Le soir, Catherine vint les rejoindre avec les
paquets qu'elle avait faits dans la journee, et Therese alla cacher son
enfant, son bonheur, son repos, son travail, sa joie, sa vie, au fond de
l'Allemagne. Elle eut le bonheur egoiste: elle ne pensa plus a ce que
Laurent deviendrait sans elle. Elle etait mere, et la mere avait
irrevocablement tue l'amante.
Laurent dormit tout le jour et s'eveilla dans la solitude. Il se leva,
maudissant Therese d'avoir ete a la promenade sans songer a lui faire
faire a souper. Il s'etonna de ne pas trouver Catherine, donna la maison
au diable, et sortit.
Ce ne fut qu'au bout de quelques jours qu'il comprit ce qui lui arrivait.
Quand il vit la maison de Therese sous-louee, les meubles emballes ou
vendus, et qu'il attendit des semaines et des mois sans recevoir un mot
d'elle, il n'eut plus d'espoir et ne songea plus qu'a s'etourdir.
Ce n'est qu'au bout d'un an qu'il sut le moyen de faire parvenir une
lettre a Therese. Il s'accusait de tout son malheur et demandait le retour
de l'ancienne amitie; puis, revenant a la passion, il finissait ainsi:
"Je sais bien que de toi je ne
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