au loin la braise; Mademoiselle
Olympe accourait precipitamment et executait sur le tapis ce que Madame
de Saint-Aureol appelait elegamment la danse des etincelles ... Le plus
souvent Monsieur Floche laissait le baron aux prises avec l'abbe et ne
quittait pas son fauteuil; de ma place je pouvais le voir, non point
dormant comme il disait, mais hochant la tete dans l'ombre; et le
premier soir, un sursaut de flamme ayant eclaire brusquement son visage,
je pus distinguer qu'il pleurait.
A neuf heures et quart, le besigue termine, Madame Floche eteignait la
lampe, tandis que Mademoiselle Verdure allumait deux flambeaux qu'elle
posait des deux cotes du jacquet.
--L'abbe, ne le faites pas veiller trop tard, recommandait Madame de
Saint-Aureol, en donnant un coup d'eventail sur l'epaule de son mari.
J'avais cru decent, des le premier soir, d'obeir au signal de ces dames,
laissant aux prises les jacqueteurs et a sa meditation Monsieur Floche
qui ne montait que le dernier. Dans le vestibule, chacun se saisissait
d'un bougeoir; ces dames me souhaitaient le bonsoir qu'elles
accompagnaient des memes reverences que le matin. Je rentrais dans ma
chambre; j'entendais bientot monter ces Messieurs. Bientot tout se
taisait. Mais de la lumiere filtrait encore longtemps sous certaines
portes. Mais plus d'une heure apres si, presse par quelque besoin l'on
sortait dans le corridor, l'on risquait d'y rencontrer Madame Floche ou
Mademoiselle Verdure, en toilette de nuit, vaquant a de derniers
rangements. Plus tard encore, et quand on eut cru tout eteint, au
carreau d'un petit cagibis qui prenait jour mais non acces sur le
couloir, on pouvait voir, a son ombre chinoise, Madame de Saint-Aureol
ravauder.
IV
Ma seconde journee a la Quartfourche fut tres sensiblement pareille a la
premiere; d'heure en heure; mais la curiosite que d'abord j'avais pu
avoir quant aux occupations de mes hotes etait completement retombee.
Une petite pluie fine emplissait le ciel depuis le matin. La promenade
devenant impossible, la conversation de ces dames se faisant de plus en
plus insignifiante, j'occupai donc au travail a peu pres toutes les
heures du jour. A peine pus-je echanger quelques propos avec l'abbe;
c'etait apres le dejeuner; il m'invita a venir fumer une cigarette a
quelques pas du salon, dans une sorte de hangar vitre que l'on appelait
un peu pompeusement: l'orangerie, ou l'on avait rentre pour la mauvaise
saison les quelques bancs et
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