t decore, on etait
venu a lui et il n'avait eu qu'a accepter ce qu'on lui offrait.
Maintenant, il ne s'agissait plus de rester tranquillement chez soi en
attendant, il fallait demander.
De la son embarras.
A la verite, s'il se faisait demandeur, c'etait dans un interet general,
superieur a toutes considerations personnelles: mais enfin il n'en
devait pas moins resulter pour lui certains avantages qui genaient sa
liberte; il se fut senti plus allegre, il eut porte la tete plus haut
s'il avait ete degage de toute attache.
Il s'y prit a trois fois avant d'aborder le prefet de police, comme s'il
n'osait point sauter le pas.
Aux premiers mots, le prefet de police, qui, depuis qu'il etait en
fonctions, avait cependant appris a ecouter en se faisant une tete de
circonstance, laissa echapper un mouvement de surprise:
--Vous, mon cher depute!
Ce n'etait pas sans que la lecon lui eut ete faite a l'avance par
Frederic, qu'Adeline s'adressait a "son cher prefet". Il savait que sa
demande pouvait provoquer une certaine surprise, et meme il en attendait
la manifestation: "Vous comprenez que le prefet ne sera pas sans
eprouver un certain etonnement en vous entendant lui demander une
autorisation pour ouvrir un cercle, vous qui avez toujours vecu en
dehors des cercles. Et puis, a son etonnement se melera probablement une
certaine contrariete: le nombre de ces autorisations n'est pas illimite;
il en est d'elles comme des cinq ou six louis qu'un homme ruine a encore
dans sa poche: quand il en depense un, il compte ceux qui lui restent
et fait le calcul qu'il sera bientot a sec. Et personne n'aime a etre
a sec. D'autant mieux que ces autorisations peuvent etre une monnaie
commode pour payer certains services. Je ne dis pas que votre prefet
se serve de cette monnaie, mais il a eu des predecesseurs qui l'ont
employee. Et Frederic avait raconte l'histoire d'un prefet aimable et
vert-galant qui avait paye les depenses d'une liaison demi-mondaine avec
une de ces autorisations; que celle a qui il l'avait donnee l'avait tout
de suite vendue cent vingt mille francs, en plus d'un tant pour cent sur
les produits de la cagnotte. Puis, a cette histoire, il en avait ajoute
d'autres, afin qu'Adeline eut un dossier bien prepare et ne restat pas
court. Si on avait accorde ces autorisations a des gens plus ou moins
vereux, comment en refuser une a un honnete homme, entoure de l'estime
publique, dont le nom seul etait une garantie?
Ce dos
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