l'amour, la reconnaissance et le desir de dire a tous ses
amis un dernier et tendre adieu.
En rentrant au chateau Edouard apprend ce qui vient de s'y passer;
il se precipite dans la chambre d'Ottilie, se prosterne devant elle,
saisit sa main et l'inonde de larmes. Apres un long et terrible
silence, il s'ecrie tout a coup:
--N'entendrai-je plus jamais le son de ta voix? Ne peux-tu revenir a
la vie pour m'adresser un mot, un seul? Eh bien! soit, je te suivrai!
au-dela de la tombe nous parlerons un autre langage!
Ottilie lui pressa la main avec force et arreta sur lui un regard
plein de vie et d'amour; les levres s'agiterent longtemps en vain,
elle respira profondement et laissa enfin echapper ces paroles:
--Promets-moi de vivre ...
Epuisee par ce dernier effort de sa tendresse, elle retomba sur ses
coussins.
--Je le promets, murmura Edouard.
Cette promesse ne la rencontra plus sur la terre, elle la suivit dans
un meilleur monde: Ottilie avait cesse de vivre!...
La nuit se passa dans les larmes, Charlotte se chargea du triste soin
de faire ensevelir sa niece. Le Major et Mittler la seconderent de
tout leur pouvoir. Le desespoir semblait avoir aneanti Edouard, il ne
s'arracha a cet etat que pour defendre positivement que l'on sortit
sa bien-aimee du chateau; puis il donna des ordres afin qu'elle fut
traitee comme une malade, car il soutenait qu'elle n'etait pas
morte, qu'elle ne pouvait pas l'etre. Craignant de l'irriter par la
contradiction, on laissa le corps d'Ottilie au chateau, et il ne
demanda point a le voir.
Un nouvel incident se joignit bientot a tant de sujets de douleur et
d'alarmes, Nanny venait de disparaitre. Apres de longues recherches
on la retrouva enfin, mais dans un etat d'egarement qui tenait de la
folie. Les reproches du Chirurgien lui avaient fait voir que, sous
plus d'un rapport, elle avait contribue a la mort de sa maitresse. On
la ramena chez ses parents; les consolations et les procedes les plus
doux resterent sans effet, et pour l'empecher de s'echapper de nouveau
on fut oblige de l'enfermer.
On reussit peu a peu a arracher Edouard a la stupeur ou il etait tombe
d'abord, et par la on augmenta son malheur; car il ne pouvait plus se
dissimuler que tout espoir etait a jamais perdu pour lui. Le voyant
plus tranquille en apparence, on chercha a lui faire comprendre qu'il
etait indispensable de deposer dans la chapelle les restes d'Ottilie,
en ajoutant, toutefois, que dans cette s
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