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i a mis l'amour de la patrie dans le coeur des
hommes, un jour ou il leur a commande d'honorer le tombeau des ancetres,
de suivre les lois donnee a leurs peres, de defendre l'autel, le temple,
ou le tabernacle, ou ils avaient prie!... Ce jour la, il leur a fait un
commandement d'aimer la patrie; car la patrie, c'est le passe, garde par
le present et legue a l'avenir... c'est la generation vivante veillant
sur les cendres de la generation morte, et disant a celles qui vont
suivre: "aimez ce que nous avons aime, honorez ce que nous avons honore,
et que notre Dieu soit a jamais votre Dieu."
Oui, Messieurs, nous sommes venus ici pour y apprendre le patriotisme.
Permettez-moi, Messieurs, en terminant. de m'ecrier ici, comme jadis un
grand orateur francais:--Avez-vous reflechi, Messieurs, a ce qu'etait le
patriotisme?
Ecoutez! Sans doute, pour l'homme religieux, pour le philosophe, pour
l'homme d'Etat, la patrie ce compose d'abstractions sublimes: la patrie,
c'est la succession continue d'une race humaine possedant le meme sol,
parlant la meme langue, vivant sous les memes lois, et qui, ne mourant
jamais, se perfectionne en se renouvelant toujours, comme un etre
immortel qui n'a que Dieu avant lui et Dieu apres lui... Mais, pour
l'homme des champs, la patrie est quelque chose de plus sensuel, de plus
reel, de plus pres du coeur. Ce qu'il aime dans la patrie, c'est ce
petit nombre d'objets auxquels son ame est attachee toute sa vie;
c'est la maison, c'est la famille, ce sont toutes ces images sensibles
devenues des sentiments pour lui. Riche ou pauvre, peu importe, c'est le
toit et l'espoir de sa vie. Il y a autant de patriotisme dans le petit
champ que dans le grand domaine; il y a autant de patriotisme dans la
masure degradee et couverte de chaume et de mousse que dans la demeure
elevee et resplendissante au soleil. C'est pour cela qu'on vit, c'est
pour cela qu'on meurt avec joie quand il faut les defendre contre la
profanation du pied etranger.
M. Dion, invite a prendre la parole, parla des sacrifices et du travail
qu'avait coute l'oeuvre du monument de Salaberry. Il aurait pu ajouter
que sans lui ce monument n'existerait pas.
Le marquis de Lorne s'avancant alors sur le devant de l'estrade proposa
trois hourras pour la famille Salaberry. Inutile de dire que la foule
fit un accueil favorable a cette proposition.
L'assemblee se dispersa ensuite. Le gouverneur-general et sa suite ainsi
que Sir Hector Langevin
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