tu que je te donne pour avoir sauve mon enfant?
--Apprends-moi la langue des animaux, repondit le berger; je veux
causer, comme toi, avec toute la terre."
Le roi lui dit:
"Cela ne vaut rien pour toi, car si je te donnais d'entendre ce langage
et que tu en dises rien a personne, tu mourrais aussitot; demande-moi
quelque autre chose qui te serve davantage, je te la donnerai."
Mais le berger lui repondit:
"Si tu veux me payer, apprends-moi le langage des animaux, sinon adieu
et que le ciel te protege; je ne veux pas autre chose."
Et il fit mine de sortir. Alors le roi le rappela en disant:
"Arrete, et viens ici, puisque tu le veux absolument; ouvre la bouche."
Le berger ouvrit la bouche, le roi des serpents y souffla, et lui dit:
"Maintenant souffle a ton tour dans la mienne."
Et quand le berger eut fait ce qu'on lui ordonnait, le roi des serpents
lui souffla une seconde fois dans la bouche. Et quand ils eurent ainsi
souffle chacun par trois fois, le roi lui dit:
"Maintenant tu entends la langue des animaux; que Dieu t'accompagne;
mais, si tu tiens a la vie, garde-toi de jamais trahir ce secret, car si
tu en dis un mot a personne, tu mourras a l'instant."
Le berger s'en retourna; comme il passait dans le bois, il entendit ce
que disaient les oiseaux, et le gazon, et tout ce qui est sur la terre.
En arrivant a son troupeau, il le trouva complet et en ordre; alors il
se coucha par terre pour dormir. A peine etait-il etendu que voici deux
corbeaux qui viennent se poser sur un arbre et qui se mettent a dire
dans leur langage:
"Si ce berger savait qu'a l'endroit ou est cet agneau noir, il y a sous
la terre un caveau tout plein d'or et d'argent!"
Aussitot que ce berger entendit cela, il alla trouver son maitre; le
maitre prit une voiture avec lui, et en creusant, ils trouverent la
porte du caveau et ils emporterent le tresor.
Le maitre etait un honnete homme; il laissa tout au berger en disant:
"Mon fils, ce tresor est a toi, car c'est Dieu qui te l'a donne."
Le berger prit le tresor, batit une maison; s'etant marie, il vecut
joyeux et content; il fut bientot le plus riche non seulement de son
village, mais des environs; a dix lieues a la ronde, ou n'en eut pas
trouve un second a lui comparer. Il avait des troupeaux de moutons, de
boeufs, de chevaux, et chaque troupeau avait son pasteur; il avait en
outre beaucoup de terres et de grandes richesses. Un jour, justement la
veille de Noel, il dit
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