ique votre amour donne des millions de moyens pour nous faciliter le
chemin du salut, il ne peut cependant nous sauver sans nous, sans cette
spontaneite, sans ce mouvement propre, sans cette fleur de notre propre
champ.
Dans l'immensite d'oeuvres divines, la force est uniquement dans l'esprit,
et l'esprit, dans son enveloppe, dans sa vie terrestre, perd sa force; et
les hommes faisaient beaucoup et peuvent faire beaucoup en s'unissant, en
faisant descendre des colonnes d'esprits forts, des colonnes plus
lumineuses ou plus sombres en rapport avec l'etat de leurs ames, comme nous
l'avons vu: c'est ainsi que Moise, en priant, c'est-a-dire evoquant une
colonne tres puissante, puisqu'elle etait sainte, quoique faible
exterieurement, puisque sans secours il ne pouvait pas elever les bras, il
ne laissait pas de diriger le sort de la bataille.
Pour un seul juste, pour ses merites, Dieu epargne un pays, une ville; car
ce juste, par son interieur pur, amene une colonne sainte qui defend ce
pays, cette ville des entreprises du mal; tandis que precisement sans ce
seul homme, consequemment a la loi de l'inviolable constitution, la colonne
superieure ne pourrait venir en aide. Lors donc que tout depend du
mouvement de notre ame pour Dieu, considerons que sont toutes especes de
formes, que sont les confessions, que sont les communions sans ce
mouvement. Ah! que dis-je? que sont ces formes qui nous etourdissent sur la
voix de ce pere aimant qui nous sollicite a ce mouvement attendu par lui,
ces formes qui etouffent les inquietudes de la conscience? c'est lorsque le
mal tourne a son profit les moyens donnes par Dieu, lorsque, dans les
temples du Seigneur, des fumees noires s'elevent pour Satan, que le
triomphe du mal est accompli. Mais, o vaines entreprises! elles ne sont
rien ces vertus froides, mortes; ces prieres, ces formes, ces fondations
sans nombre, etc., il n'y a que d'ecouter Dieu appelant par la voix de son
vicaire: _Mon fils, donne-moi ton coeur_; qu'une seule emotion, qu'une
illumination de l'ame qui peut nous amener une colonne d'esprits saints,
d'ou la grace, la benediction et le Ciel.
Jusqu'a present, les hommes voulaient acquerir le Ciel, evoquer une colonne
sainte au prix de ce que Dieu leur avait donne, en se menageant eux-memes,
en se satisfaisant, et par la obscurcissant leur ame, et s'unissant
toujours, dans les affaires de la vie, avec la colonne tenebreuse et les
colonnes lumineuses, descendant dans les coeurs
|