ietaries prelevent-ils quelque chose sur leur ration. Ils
doivent se procurer le suplus de leur nourriture, ainsi que leurs
vetemens, avec le produit de leur travail du dimanche. S'ils ne
le font pas, ils sont exposes a rester nus pendant la saison
rigoureuse. Ceux qui leur fournissent des vetemens, le
contraignent a employer pour eux les jours de repos, jusqu'a ce
qu'ils aient ete rembourses de leurs avances. Pendant tout l'ete,
les Negres ne sont pas vetus. Les parties naturelles sont
uniquement cachees par une piece d'etoffe, qui s'attache a la
ceinture par devant et par derriere, et qui a conserve dans toute
l'Amerique septentrionale habitee par les Francois, le nom de
_braguet_. L'hiver ils ont generalement une chemise et une
couverture de laine, faite en forme de redingotte. Les enfans
restent souvent nus jusqu'a l'age de huit ans, qu'ils commencent
a rendre quelques services.
Un maitre ne doit-il pas a son esclave le vetement et une
nourriture substantielle, a proportion du travail qu'il en exige?
Le jour du repos n'appartient-il pas a tous les hommes, et plus
particulierement a ceux qui sont employes aux penibles travaux de
la campagne? Ce sont des questions qui n'en seroient pas, si
l'avarice, plus forte que l'humanite, ne dominoit presque tous
les hommes, mais sur-tout les habitans des colonies. Que
resulte-t-il cependant de cette avarice mal entendue? les Negres
mal nourris et trop fatigues s'epuisent et ne peuplent pas; de
l'epuisement nait la foiblesse, de la foiblesse le decouragement,
la maladie et la mort. Pour augmenter son revenue le
proprietaire perd donc le capital, sans que son experience le
rende ordinairement plus sage. Je n'ignore pas que les Negres
sont loin de ressembler aux autres hommes; qu'ils ne peuvent etre
conduits ni par la douceur, ni par les sentimens; qu'ils se
moquent de ceux qui les traitent avec bonte; qu'ils tiennent par
la morale a la brute, autant qu'a l'homme par leur constitution
physique; mais ayons au moins pour eux soins que nous avons pour
les quadrupedes, dont nous nous servons: nourrissons-les bien
pour qu'ils travaillent bien, et n'exigeons pas au-dela de leurs
facultes ou de leurs forces.
Les Negres sont naturellement fourbes, paresseux, voleurs et
cruels; il est inutile d'ajouter qu
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