FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   255   256   257   258   259   260   261   262   263   264   265   266   267   268   269   270   271   272   273   274   275   276   277   278   279  
280   281   282   283   284   285   286   287   288   289   290   291   292   >>  
e me recueillir. J'allai sur le boulevard; la aussi il y avait foule; on me coudoyait, on me poussait; je me heurtais a des groupes que je ne voyais pas. Et cependant j'avais besoin de ressaisir ma volonte et ma raison; j'avais besoin de me recueillir. L'horloge d'un kiosque sur laquelle mes yeux s'arreterent machinalement me dit qu'il etait midi dix minutes; les journaux ne se publient qu'apres la Bourse, j'avais du temps devant moi, je poussai jusqu'aux Tuileries. Tout se heurtait si confusement dans mon cerveau qu'une idee a peine formee etait effacee par une nouvelle, il me fallait le calme pour descendre en moi, et avant de prendre une resolution savoir nettement ce que j'allais faire. Il pleuvait une petite pluie fine qui avait empeche les enfants et les promeneurs de sortir; le jardin etait desert; je ne trouvai personne sous les marronniers, dont l'epais feuillage retenait la pluie. Je n'etais plus distrait, je n'etais plus trouble, et cependant je ne voyais pas plus clair en moi: j'etais dans un tourbillon, et mes pensees tournoyaient dans ma tete comme les feuilles seches, alors que, saisies par un vent violent, elles tournoient dans un mouvement vertigineux. Il allait mourir, il devait mourir et je me jetais au devant de la mort pour l'empecher de frapper son dernier coup. Telle etait la situation; il fallait l'envisager avec calme et voir quelle conduite elle devait m'inspirer. Malheureusement ce calme, je ne pouvais pas l'imposer a ma raison chancelante. Cependant cette situation etait bien simple et je n'etais pour rien dans les faits qui l'avaient amenee. Elle s'etait produite en dehors de moi, a mon insu, sans que j'eusse rien fait pour la preparer. Ce n'etait pas moi qui avais conduit M. de Solignac chez mademoiselle Zulma, pas moi qui avais excite sa fureur, pas moi qui l'avais frappe d'une congestion mortelle. S'il mourait de cette congestion, c'est que son heure etait venue et que la Providence voulait qu'il mourut. De quel droit est-ce que j'osais me mettre entre la Providence et lui? Cela ne me regardait point. Etais-je le fils de M. de Solignac? son ami? Son ennemi au contraire, son ennemi implacable. Il m'avait pris celle que j'aimais, il m'avait reduit a cette vie miserable que je menais depuis si longtemps. Il etait puni de ses infamies, et Dieu prenait enfin pitie de mes souffrances. Et je voulais arreter la main de Dieu! Au moment ou j'allais atteindre le but que
PREV.   NEXT  
|<   255   256   257   258   259   260   261   262   263   264   265   266   267   268   269   270   271   272   273   274   275   276   277   278   279  
280   281   282   283   284   285   286   287   288   289   290   291   292   >>  



Top keywords:

ennemi

 

devant

 

Providence

 

mourir

 
devait
 

situation

 

Solignac

 
allais
 

congestion

 
recueillir

fallait

 
cependant
 

voyais

 

besoin

 
raison
 

dehors

 

envisager

 

mademoiselle

 

conduit

 

souffrances


preparer

 

produite

 

Malheureusement

 
pouvais
 

imposer

 

inspirer

 
prenait
 

quelle

 

conduite

 

chancelante


Cependant

 

avaient

 

amenee

 

arreter

 
simple
 

voulais

 
fureur
 

mettre

 

aimais

 
reduit

atteindre

 

regardait

 
contraire
 

mourut

 
mortelle
 

moment

 
frappe
 
implacable
 

infamies

 
mourait