airie qu'il
habitait depuis sa fuite du chateau; puis il regla les interets de
Charlotte et de son enfant, assura l'avenir du Capitaine, et fit des
pensions a tous ses serviteurs.
Une guerre nouvelle venait de succeder a un court intervalle de paix.
Dans sa premiere jeunesse, le Baron s'etait trouve sous les ordres
d'un chef d'un merite tres-mediocre qui l'avait degoute du service.
Un grand Capitaine etait en ce moment a la tete de l'armee; il fut se
ranger sous sa banniere, car la, la mort etait probable et la gloire
certaine.
Lorsqu'Ottilie fut instruite de l'etat de Charlotte, elle se refoula
completement sur elle-meme. Malgre son inexperience, elle avait
compris qu'il ne lui etait plus ni possible ni permis d'esperer. Un
regard rapide que nous jetterons plus tard sur son journal, nous
donnera quelques eclaircissements sur ce qui se passait alors dans son
coeur.
DEUXIEME PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
Nous voyons souvent dans la vie ordinaire ce que dans l'epopee nous
appelons un artifice de poete. Les figures principales s'eloignent, se
voilent ou restent dans l'inaction, afin de laisser a celles que l'on
avait a peine remarquees jusque la, le temps et la place d'agir et de
meriter a leur tour la louange ou le blame.
C'est ainsi qu'immediatement apres le depart du Capitaine et du Baron
l'Architecte se fit remarquer par sa sage activite dans les affaires,
et par son empressement a distraire les dames pendant les heures de
loisir.
Son exterieur seul aurait suffi pour inspirer un bienveillant interet.
Jeune, svelte, grand et bienfait, il etait modeste sans timidite, et
prevenant sans jamais importuner. Toujours pret a se rendre utile et
agreable, il ne tarda pas a etendre sa bienfaisante influence
jusque sur les affaires domestiques. Lui seul recevait les visites
desagreables ou importunes, et lorsqu'il ne pouvait entierement les
epargner aux dames, il savait prendre pour lui ce qu'elles avaient de
plus facheux.
Un jour sa complaisance a cet egard fut mise a une cruelle epreuve,
par un jeune avocat qu'un gentilhomme du voisinage avait envoye
au chateau pour traiter une affaire qui, sans etre importante par
elle-meme, occupait Charlotte tres-desagreablement. Ce dernier motif
nous oblige de la rapporter avec tous ses details.
L'on n'a pas oublie sans doute les changements que Charlotte avait
fait executer dans le cimetiere du village: les croix et les monuments
avaient ete ranges contre la
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