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la vie de notre poete. Qu'il nous suffise d'avoir rappele que, durant les vingt ans ecoules depuis l'aventure de l'ode jusqu'a la publication de _Joconde_ (1662), il ne cessa de cultiver son art; qu'il composa, dans le genre et sur le ton a la mode, un grand nombre de vers dont tres-peu nous sont restes, et que s'il y porta depuis 1664, c'est-a-dire depuis les debuts de Boileau et de Racine, plus de gout, de correction, de maturite, et parut adopter comme une seconde maniere, il garda toujours assez de la premiere pour qu'on reconnut en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l'ami de Saint-Evremond. Ce n'est pas seulement a la physionomie de son style qu'on s'en apercoit: le choix peu scrupuleux de ses sujets, et, encore plus, le dereglement absolu de sa vie, se ressentaient des habitudes de la _bonne_ Regence; le favori de Fouquet avait longtemps vecu au milieu des scandales de Saint-Mande; il les avait celebres, partages, et etait reste fidele aux moeurs autant qu'a la memoire d'_Oronte_. Louis XIV du moins, meme avant sa reforme, voulait qu'on mit dans le desordre plus de mesure et de _decorum_. Ces circonstances reunies nous semblent propres a expliquer la defaveur de La Fontaine a la cour, et l'injustice dont on accuse l'auteur de l'_Art poetique_ de s'etre rendu coupable envers lui. A ne les considerer que sous le cote litteraire, il est permis de soupconner que Boileau et La Fontaine n'avaient peut-etre pas tout ce qu'il fallait pour s'apprecier completement l'un l'autre; ils representaient, en quelque sorte, deux systemes differents, sinon opposes, de langue et de poesie. Un long parallele entre eux serait superflu. On connait assez les principes et les preceptes de notre legislateur litteraire. Son ami, trop humble pour se croire son rival, en continuant de cheminer dans les voies tracees, se contentait d'etre le dernier et le plus parfait de nos vieux poetes. C'etait, il est vrai, un vieux poete unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant a nul autre, ni a _maitre Vincent_, ni a _maitre Clement_, ni a _maitre Francois_; un vieux poete, adorateur de Platon, _fou de Machiavel_, _entete de Boccace_, qui cherissait Homere et l'Arioste, oubliait de diner pour Tite-Live, goutait Terence en profitant de Tabarin, qu'une ode de Malherbe transportait presque a l'egal de _Peau d'Ane_, et dont l'admiration vive et mobile, comme celle d'un enfant, embrassait toutes les beautes, s'ouvr
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