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i chez moi. Le lendemain je partis pour un voyage. Hier, je suis rentre a Paris. Quand je revis ma chambre, notre chambre, notre lit, nos meubles, toute cette maison ou etait reste tout ce qui reste de la vie d'un etre apres sa mort, je fus saisi par un retour de chagrin si violent que je faillis ouvrir la fenetre et me jeter dans la rue. Ne pouvant plus demeurer au milieu de ces choses, de ces murs qui l'avaient enfermee, abritee, et qui devaient garder dans leurs imperceptibles fissures mille atomes d'elle, de sa chair et de son souffle, je pris mon chapeau, afin de me sauver. Tout a coup, au moment d'atteindre la porte, je passai devant la grande glace du vestibule qu'elle avait fait poser la pour se voir, des pieds a la tete, chaque jour, en sortant, pour voir si toute sa toilette allait bien, etait correcte et jolie, des bottines a la coiffure. Et je m'arretai net en face de ce miroir qui l'avait si souvent refletee. Si souvent, si souvent, qu'il avait du garder aussi son image. J'etais la debout, fremissant, les yeux fixes sur le verre, sur le verre plat, profond, vide, mais qui l'avait contenue tout entiere, possedee autant que moi, autant que mon regard passionne. Il me sembla que j'aimais cette glace,--je la touchai,--elle etait froide! Oh! le souvenir! le souvenir! miroir douloureux, miroir brulant, miroir vivant, miroir horrible, qui fait souffrir toutes les tortures! Heureux les hommes dont le coeur, comme une glace ou glissent et s'effacent les reflets, oublie tout ce qu'il a contenu, tout ce qui a passe devant lui, tout ce qui s'est contemple, mire, dans son affection, dans son amour! Comme je souffre! Je sortis et, malgre moi, sans savoir, sans le vouloir, j'allai vers le cimetiere. Je trouvai sa tombe toute simple, une croix de marbre avec ces quelques mots: "Elle aima, fut aimee, et mourut". Elle etait la, la-dessous, pourrie! Quelle horreur! Je sanglotais, le front sur le sol. J'y restai longtemps, longtemps. Puis je m'apercus que le soir venait. Alors un desir bizarre, fou, un desir d'amant desespere s'empara de moi. Je voulus passer la nuit pres d'elle, derniere nuit, a pleurer sur sa tombe. Mais on me verrait, on me chasserait. Comment faire? Je fus ruse. Je me levai et me mis a errer dans cette ville des disparus. J'allais, j'allais. Comme elle est petite cette ville a cote de l'autre, celle ou l'on vit! Et pourtant comme ils sont plus nombreux que les vivants, ces morts. Il nous
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