e terre qui
produit 800 livres, 3851 livres 17 sols. Je reduis cette somme au
tiers a cause de l'avantage qu'a le cultivateur d'Europe d'employer
des machines que le cultivateur esclave n'emploie pas, et nous aurons
1283 liv. 19 sols pour le travail de l'homme libre, tandis que celui
de l'esclave n'est que d'environ 353 livres.
J'ai compare le travail de la vigne a celui des sucreries, il faut
exactement le meme nombre de journees d'esclaves que de vignerons dans
la meme etendue de terrein cultivee en cannes ou en vignes. Dans un
arpent de vigne produisant 240 livres, le travail du journalier peut
etre evalue a 1200 livres par an, comme celui du Negre sucrier dans sa
plus grande valeur. La proportion du travail libre au travail servile
est donc ici comme 4000 livres a 1200 livres. Pour prevenir les
objections, j'ai infiniment reduit les avantages du travail de l'homme
libre. Je previens qu'il est toujours question dans ces calculs du
produit absolu du travail, et pas du tout du produit net, que bien
d'autres causes peuvent augmenter ou diminuer.
[14] Voyez ce que dit M. Parmentier de la fecondite du _mais_ a
l'Amerique, dans son excellent memoire sur la culture de cette plante,
couronne par l'Academie de Bordeaux en 1784. L'evaporation a
l'Amerique est beaucoup plus considerable que dans nos climats; et il
seroit peut-etre possible de prouver que la fertilite des differentes
parties de la terre est en raison de l'evaporation de leurs surfaces.
[15] On objectera que c'est le bon marche du travail, bien plus que sa
quantite absolue, qui est important pour le proprietaire; c'est le
plus grand benefice qu'il doit chercher. Il faut donc prouver encore
que le travail de l'esclave est plus couteux que celui du cultivateur
salarie. Le Negre, dont j'ai evalue le travail a 1200 livres, vaut au
moins 3000 livres. L'interet de cette somme compte a 8 pour cent dans
les colonies, les risques de remplacements 5 pour cent font ensemble
13 pour cent ou 390 livres; si on y ajoute 110 livres seulement pour
l'entretien et la nourriture, on trouvera que chaque esclave, bon
travailleur, coute au moins 500 livres, tandis que le prix d'un
journalier en France n'est que de 300 a 350 livres, pour son travail
annuel.
[16] _Caeteris servis non in nostrum morem descriptis per familiam
ministeriis utuntur. Suam quisque sedem, suos penates regit. Frumenti
modum dominus, aut pecoris, aut vestis, ut colono, injungit, et
servus hactenus paret._
|