ans la race, dans la nation, dans des milliers d'annees que n'annule
pas le tombeau.
J'apprecie beaucoup une "lettre ouverte" que j'ai decoupee dans le
_Times_. A l'occasion d'une election a la Chambre des communes, un M.
Oswald John Simon, israelite et membre d'une association politique de
Londres, ecrit: "... Je suis tenu de declarer ce qui suit pour le cas ou
j'entrerais dans la vie parlementaire: Si un conflit venait
malheureusement a naitre entre les obligations d'un Anglais et celles
d'un juif, je suivrais la ligne de conduite qui paraitrait en pareil cas
naturelle a tout autre Anglais, c'est-a-dire que je suis ce que mes
ancetres ont ete pendant des milliers d'annees, plutot que quelque chose
qu'ils n'ont ete que depuis le temps d'Olivier Cromwell."
La belle lettre! Que la derniere phrase de ce juif est puissante! Elle
revele un homme eleve a une magnifique conscience de son energie, des
secrets de sa vie. Mais quand meme cet Oswald John Simon n'aurait pas
saisi et formule la loi de sa destinee, cependant il obeirait a cette
loi. Et nous tous, les plus reflechis comme les plus instinctifs, nous
sommes "ce que nos ancetres ont ete pendant des milliers d'annees,
plutot que quelque chose qu'ils n'ont ete que depuis le temps d'Olivier
Cromwell". "Je dis au sepulcre: Vous serez mon pere".
Parole abondante en sens magnifique! Je la recueille de l'Eglise dans
son sublime office des Morts. Toutes mes pensees, tous mes actes
essaimeront d'une belle priere,--effusion et meditation,--sur la terre
de mes morts.
Les ancetres que nous prolongeons ne nous transmettent integralement
l'heritage accumule de leurs ames que par la permanence de l'action
terrienne. C'est en maintenant sous nos yeux l'horizon qui cerna leurs
travaux, leurs felicites ou leurs ruines, que nous entendrons le mieux
ce qui nous est permis ou defendu. De la campagne, en toute saison,
s'eleve le chant des morts. Un vent leger le porte et le disperse comme
une senteur. Que son appel nous oriente! Le cri et le vol des oiseaux,
la multiplicite des brins d'herbe, la ramure des arbres, les teintes
changeantes du ciel et le silence des espaces nous rendent sensible, en
tous lieux, la loi de l'eternelle decomposition; mais le climat, la
vegetation, chaque aspect, les plus humbles influences de notre pays
natal nous revelent et nous commandent notre destin propre, nous forcent
d'accepter nos besoins, nos insuffisances, nos limites enfin et une
discipline, ca
|